La tradition a déjà un an ! Pour la première corrida de la feria du Riz, le ruedo se vêt d'atours à rendre jalouse la reine d'Arles. L'an dernier, Christian Lacroix, designer transdisciplinaire et arlésien, avait inauguré cette mise en décor des arènes, fixant la règle : une image sur le sable, vouée à s'effacer sous les pattes des toros et les zapatillas des hommes, et des fresques moins éphémères sur les murs romains de la contre-piste. Cette année, le peintre et décorateur Jean-Paul Chambas, Vicois, prend sa relève.
Aficionado de toujours, Chambas est depuis presque aussi longtemps convaincu de l'impossibilité de représenter artistiquement la lidia : «On n'ajoute pas l'art à l'art.» Ayant accepté la commande de Luc Jalabert pour intervenir dans les arènes qu'il dirige, Chambas a cherché une «équivalence d'un toro». Sa réponse peut sembler incongrue : un piano à queue, mais pianos et toros ne sont-ils pas des animaux quadrupèdes à poil noir où scintille la lueur d'ivoire des touches ou des cornes ? «Un piano, ça pourrait aller à la pique», ajoute Chambas. De manière moins provocatrice, il souligne que l'art du pianiste et celui du torero sont des arts d'interprétation, d'une partition ou d'un toro. Poursuivant sa métaphore musicale, Chambas ajoutera au piano des escarpins rouges pour évoquer une ambiance opératique.
Le peintre est habitué à des interventions in situ de grande taille dans le métro de Mexico, par exemple, mais aussi sur les arènes