Jamais le saxophoniste Dewey Walter Redman n'a cherché à dissimuler le plaisir que lui procurait l'ascension fulgurante de son fils Joshua Shedroff, devenu Redman après avoir fait la connaissance de ce père qui avait oublié de l'élever. L'exemple de la réussite filiale poussera même le vieux grizzly du free à engager son premier agent à l'âge de... 63 ans. «Josh est aussi bon businessman que musicien, se justifiera-t-il, c'est loin d'être mon cas. En outre, je suis trop honnête pour mentir, trop paresseux pour travailler et trop nerveux pour voler à la tire.»
Natif de Fort Worth, Texas (17 mai 1931), Dewey Redman est ainsi devenu musicien faute de pouvoir prétendre à un métier plus «respectable», dixit sa mère. «J'ai raté un examen d'ingénieur électricien,je me suis donc essayé à la clarinette.» Plutôt bluesy au départ (influences : Joe Liggins, BB King, T-Bone Walker...), jusqu'à sa rencontre, en 1947 au collège, avec son concitoyen Ornette Coleman : «Il jouait des compositions de Prince Lasha et des trucs de Louis Jordan. Des morceaux à lui, aussi. Puis Bird est arrivé.»
Pupitre. Bouleversé par la découverte de Charlie Parker, Dewey Redman est appelé peu après sous la bannière étoilée. Mais est débouté d'office lorsqu'il postule naïvement à un emploi de pupitre dans l'orchestre militaire (réservé aux Blancs) de la base où il est affecté : «La ségrégation était partout à l'époque. On m'a demandé de jouer une partition quasiment in