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Libération

Bas le masque

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publié le 8 septembre 2006 à 23h12

Il fut un temps où Guy Carlier était léger. Il flottait naturellement dans le crin de sa méchanceté. Ce n'était pas un défaut. On a besoin de méchanceté : la peau du monde exige d'être mordue. Ceux qui dénoncent publiquement cette morsure cachent presque toujours, sous une soutane de bonté, les attributs d'excellents tartufes. La méchanceté de Carlier ne pesait pas car elle était opportune (sinon, ce n'est que de la brutalité), fantaisiste, rapide par sensibilité : sa lourde patte cognait avec des délicatesses et des bonds de sauterelle. Par élégance et par plaisir, il retenait le coup et, soudain, le portait ailleurs. La méchanceté n'insiste pas et elle a aussi besoin de liberté (sinon, ce n'est qu'une forme de lâcheté) : Carlier ne soumettait sa violence qu'à son esprit ; il se faisait connaître et n'avait encore rien à prouver, sinon au personnage qu'il imposait. On le payait pour être lui-même et il semblait ne pas y penser. C'était il y a quelques années, c'était il y a un siècle. Moloch Média dévore ses proies très vite, en les brûlant par leur point fort : leur talent, qui est l'aile de leurs faiblesses. Depuis la rentrée, Guy Carlier est de retour le matin sur France Inter. Pour l'instant, il n'amuse plus. La télévision, la notoriété et le lupanar Fogiel sont passés par là. Ce n'est pas la silhouette qui a épaissi ; c'est l'âme du joueur. Il se prend désormais pour le personnage qu'il devrait jouer. Le bouffon est devenu un prince courtisan. Il semble méchant non par