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Libération
Reportage

Buenos Aires: les quartiers libres d'Alfredo Arias

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Des faubourgs de l'enfance aux cafés de la «nouvelle vague», du cercle militaire au stade de La Boca, le metteur en scène argentin, expatrié à Paris en 1969, revient dans une ville « aux décors de comédie musicale » qui n'a jamais cessé de l'inspirer.
par Lucien DELARUE
publié le 8 septembre 2006 à 23h12

Buenos Aires correspondance

Alfredo Arias est l'enfant assez typique de Buenos Aires, métropole ironique, onirique et absurde. Né et élevé à Lanus, quartier populaire, il s'est ­ en partie ­ construit sur l'attraction-répulsion que lui inspire la capitale argentine. Et c'est à Buenos Aires que le spectacle les Noces de l'enfant roi, présenté en ce moment au château de Versailles (1) et dont il signe la mise en scène, a été répété avec des danseurs argentins. Place San Martín, un lieu où trônent en majesté des gommiers géants... Alfredo Arias ose le parallèle entre ces arbres dont les branches sont soutenues par des béquilles immenses et Jorge Luis Borges. Béquilles pour béquilles, l'écrivain aveugle venait en voisin se promener sur cette place appuyé au bras de sa mère. Les gloires nationales, les couples enlacés sur les pelouses s'en moquent bien, allongés qu'ils sont sous le ciel bleu limpide, sans la moindre trace de nuage, «un ciel bleu péroniste», précise Alfredo Arias. Un ciel de la couleur du drapeau argentin cher à Juan Perón. Ces amoureux se moquent aussi de la présence du cercle militaire, un hôtel particulier en pierre de taille, directement inspiré de l'architecture haussmannienne, mâtiné d'Offenbach. L'immeuble incarne pourtant l'histoire mouvementée de l'Argentine. C'est ici, dans ce quartier de Retiro où se mêlent bourgeoisie et politique, que la nouvelle vague argentine prit son envol dans les années 60 avec pour credo «la culture comme provoc