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Libération
Critique

La poupée Paris parasitée

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Musique. Hacking. L'artiste Banksy a retouché l'album de la blonde avant de le replacer dans les bacs.
publié le 8 septembre 2006 à 23h12

Paris Hilton n'est rien. Une jet-setteuse péroxydée dont les faits d'armes se résument à une sitcom-réalité pathétique et quelques galipettes amateurs. Elle aurait pu continuer à n'être qu'une icône people mais, voilà, elle vient de sortir son premier album, officialisant ses prétentions artistiques. Assez pour faire réagir le graffiti-artiste britannique Banksy, qui a opéré en début de semaine une légère «correction d'identité», pour reprendre le terme cher aux Yes Men, traficotant 500 copies de l'album de Paris Hilton, avant de les remettre ni vu ni connu dans les bacs de 48 magasins de disques en Angleterre. Si l'une ne quitte jamais le feu des projecteurs, l'autre avance masqué.

As de l'infiltration. Le mystérieux Banksy a fait ses gammes en parasitant l'espace public avec ses pochoirs grinçants (des bobbies qui se roulent une pelle, une Mona Lisa armée d'un lance-roquette, des écolières enlaçant des bombes atomiques...) et en plaçant des éléments perturbants dans le décor urbain (des corbeaux avec des drapeaux de pirate postés sur des caméras de surveillance ou ce sabot posé sous la roue d'un char en bronze, signifiant à la célèbre statue de la Boadicea un stationnement abusif).

Le bonhomme est aussi un as de l'infiltration, pénétrant incognito dans les sacro-saints temples de la culture pour coller ses propres oeuvres entre deux toiles de maître : ainsi cette boîte de soupe à la tomate d'une marque britannique bas de gamme, clin d'oeil à Warhol, accroché