Menu
Libération

Natures contemplatives

Article réservé aux abonnés
publié le 8 septembre 2006 à 23h13

Venise envoyé spécial

Avec son pharaonique barrage des Trois-Gorges, la Chine a sans doute réalisé une prouesse technologique (fût-elle inquiétante) comme le génie civil mondial n'en a pas vu depuis longtemps. Mais pas seulement : tout indique que cette construction figurera bientôt au rang des mythes durables de la nation chinoise, entre la Grande Muraille et la Longue Marche...

C'est sur ce site que le cinéaste Jia Zhangke a été tourner ses deux derniers films : Dong, un court documentaire, et Still Life, une sobre fiction, tous deux présentés à la Mostra, le premier dans la section Orizzonti, le second en compétition, malgré le caractère «surprise» de sa programmation, secrète jusqu'au bout.

Les deux films ne partagent pas simplement une même géographie : ils se font écho, parfois s'imitent et dans tous les cas fraternisent jusqu'à partager certaines scènes, certains plans et certains personnages. Dong est un portrait du peintre Liu Xiao-Dong, venu dans la région pour y exécuter une série de peintures à l'huile autour du thème du «lit chaud».

Modernes et archaïques. Saisi par les décors ahurissants des destructions et reconstructions que le barrage entraîne (centaines de villes et villages rasés, milliers d'habitants déplacés), Dong s'attache aux ouvriers engagés dans ces chantiers à la fois modernes et archaïques. Il peint une douzaine de ceux-ci à l'heure de la pause, autour d'un thé ou d'une partie de cartes. Puis file à Bangkok, et s'attarde c