Cinq ans après le 11 Septembre, on se disait que le cinéma américain devait bien avoir quelque chose à montrer... Oui et non. En tout cas, pas en reconstituant de manière aussi démago les efforts héroïques de Will Jimeno et John McLoughlin, deux membres du Port Authority Police Department, en plein effondrement des tours.
Oliver Stone, pour tourner World Trade Center, dit s'être appuyé sur deux témoignages strictement réalistes. Or son film ne cesse de faire faux, ce qui, sur un tel sujet, est impardonnable (Libération du 18 août). Devant World Trade Center, il semble qu'on soit en permanence dans une distance reconstitutive transformant chaque regard en clin d'oeil, chaque uniforme en fétiche, chaque vie brisée ou sauvée en destin. Or c'est évidemment sans distance, sentiment esthétique, fictionnel ni fétichisme, qu'on a vu et senti les images du 11 Septembre.
Poussière. Pourtant, contrairement au film de Stone, la mort y était à peu près invisible. Ce qu'on voyait : des plans fixes, lointains, sur les deux tours du World Trade Center et la reconstitution difficile, délicate, du trajet du deuxième avion, jusqu'au choc ; puis quelques plans tremblés, enregistrés avec une petite caméra, de l'effondrement des tours et de la course d'un cameraman pour échapper aux effets de souffle ; la fumée, qui cache autant qu'elle révèle, et la poussière omniprésente, dans les rues, sur les corps, les vêtements et les visages. Une désolation grise, cendre triste, meurtri