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Libération

Cocktail de mangas en «open bar»

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par Nicolas BAUCHE
publié le 15 septembre 2006 à 23h17

Les otakus, ces mordus du manga, sortent de la clandestinité. Le couvre-feu imposé voici quinze ans par les programmes jeunesse de la télé, refourguant l'après-midi du seinen (la version un poil violente du manga adulte) à haute dose, est enfin levé. «Avec dix millions d'exemplaires vendus par an, la France est le deuxième marché au monde de mangas après le Japon», assure Ben Kordova, 21 ans, dont le Manga Café a ouvert, rue des Carmes à Paris, depuis la fin juillet. Dans le petit triangle d'or de l'animation nipponne cintrant le Quartier latin entre les objets dérivés (Asian Alternative, rue Monge) et les comics (Pulp's comics, rue Dante), il inscrit une nouvelle adresse au répertoire de cette fratrie nébuleuse. Sans centre, ni périphérie, «un peu comme le Net».

Design soigné. «Cette bibliothèque privée» a commencé par un clic. Pour adapter à la sauce française les mangakissas, ces coffee houses nées en 1979 dans le quartier remuant de Nagoya, Ben a surfé sur la Toile «trois, quatre mois» durant, recroisant les infos glanées sur des sites japonais. Histoire de ne pas se planter, le sorbonnard, une maîtrise d'écogestion en poche, monte un business-plan avec un cabinet comptable. «20 ans, sans fric... Peu de banques étaient prêtes à soutenir le projet», se rappelle-t-il. D'autant que le mangakissa pur jus a de quoi rebuter : «Pas de musique, ni d'alcool, on vient pour lire ou jouer aux jeux vidéo.» M