Stockton (Californie) envoyée spéciale
Ils sont 17 000 gamins en train de faire les fous, les dreadlocks lâchées, portant sur le nez des lunettes pleines de clignotants et le dentier assorti. Le palais omnisports de Stockton à 30 km au sud de Sacramento, capitale administrative de la Californie, vibre en ce dimanche caniculaire sous les infrabasses de la hyphy music (prononcer«aïe-fi»). Un important dispositif policier entoure la salle et empêche les danseurs de s'exciter dans la fosse. Leurs danses désarticulées rappellent celles aperçues dans le film de David La Chapelle, Rize. Sauf que les danseurs ne s'affrontent pas, ils se battent surtout avec leurs démons intérieurs comme sous l'emprise du crystal meth, la drogue qui fait des ravages dans la région. Ils ont entre 16 et 20 ans, Noirs, Blancs, latinos et Asiatiques. Alors qu'à Los Angeles chacun reste dans sa communauté, de San Francisco jusqu'à la péninsule de Monterey, les jeunes se mélangent en écoutant la musique du vétéran E-40 et les uptempos de son fils Droopy, 18 ans.
Spontané. Depuis quelques années, tous les concerts de hyphy se terminent par un sydeshow, une tradition de Californie du Nord où les jeunes automobilistes enchaînent les cascades. Le but étant de faire crisser les pneus en décrivant des cercles. Ces «jackasseries» ayant déjà fait plusieurs blessés et parfois des morts, la police veille au grain, canalisant ainsi un mouvement spontané.
Musique rudimentaire.