«C'est aussi pourri que chez moi», s'exclameun jeune troufion de Detroit en découvrant les rues de Bagdad dévastées par les bombardements dans le film de Michael Moore, Fahrenheit 9/11. Symbole de la faillite de l'industrie automobile américaine, la capitale en ruine du Michigan est aussi une ville d'une invraisemblable richesse musicale, berceau de la soul, de la techno et du rock high energy. C'est à cette incroyable histoire que rend hommage, ce week-end, le Centre Pompidou, avec la projection du documentaire de Jacqueline Caux, The Cycles of the Mental Machines, suivi d'un concert de Carl Craig, l'un des producteurs électroniques qui s'est le plus nourri de sa ville et de son passé.
Intensité. Balade amoureuse et poétique magnifiquement filmée, le film de Jacqueline Caux n'a pas pour ambition de raconter en détail une histoire née dans les années 20, quand «le blues est devenu urbain» avec l'arrivée massive à Detroit des ouvriers noirs du Sud attirés par les promesses d'embauches dans les usines Ford. L'approche se veut plus sensible. On y ressent toute l'intensité du rôle de la musique dans cette ville ouvrière qui ressemble à un concentré de l'Amérique et de ses maux : racisme, extrême pauvreté, capitalisme sauvage...
Emblématique. Fil rouge vocal de cette visite en apesanteur, The Electrifying Mojo, énigmatique DJ radio, devenu une gloire locale en faisant découvrir à la fin des années 70 les disques de Kraftwerk à la génération des