Aussi insolite que son nom le promet, le Passage vers les étoiles est une salle intime nichée au fond d'une impasse du XIe arrondissement parisien. Ces jours-ci, une belle surprise attend les curieux qui passeront par là. Nathalie Joly y célèbre la mémoire chantée de Maria Tanase, toujours idolâtrée par les Roumains quarante-trois ans après sa mort, à 49 ans (1). Une vie brève et intense traversée par les convulsions de l'histoire : guerre et succession de régimes, de la monarchie au communisme en passant par le fascisme.
Nathalie Joly évacue toute tentation biographique pour se faire l'interprète de Maria Tanase, de ses chansons autant que de ses sentiments, dans un décor de cabaret minimaliste (une table, une chaise, un paravent). Les chansons (souvent des doina, blues roumain), traduites en français, évoquent l'ivresse, les mariages forcés, la vie gitane ou encore le mauvais oeil jeté sur une rivale.
Se glissent dans le répertoire, des compositions originales signées par la chanteuse et son metteur en scène Maurice Durozier, à l'image de ce Paris-Bukarest qui réveille avec drôlerie la fascination qu'exerçait avant-guerre le monde des Balkans.
Nathalie Joly interprète, mais se garde bien d'imiter son modèle, qu'on entend à un moment du spectacle : une voix grave et lasse, au pouvoir narcotique (qui la fit comparer à Marlène Dietrich). A l'accordéon, Thierry Roques déploie une belle gamme de couleurs : la mélancolie balkanique, le swing manouche et une touche «ré