Il aura fallu vingt-cinq ans à Philippe Caubère pour raconter sa jeunesse, seul en scène dans la peau de Ferdinand Faure, son double. Il a tout réuni pour un finale en six volets, créé au Chêne noir d’Avignon en décembre 2005, qu’il reprend au Rond-Point.
Comment vous sentez-vous juste avant d’entamer ce gros morceau ?
Etrangement bien. Jusqu'au terme des représentations fin décembre, j'ai envie de trois mois et demi de fête. Quand j'ai commencé les répétitions je m'attendais au pire, et puis non. J'en ai assez de souffrir. C'est drôle, je parle comme un coureur cycliste.
Vous aviez pensé faire un épilogue, et vous y avez renoncé. Pourquoi ?
Je devais le jouer au Chêne noir en clôture de cette intégrale. J'étais en pleine préparation, et puis, une nuit, je me suis rendu compte que je n'y arriverais pas. C'est devenu une évidence physique : le corps qui ne peut plus, qui ne veut plus. Pourtant je suis sûr qu'il faut mettre un terme à cette histoire que je peux regarder aujourd'hui comme un bloc compact. Je commence par la naissance et je termine par la mort, voilà. Evidemment, le fait de renoncer signifie peut-être que je n'en ai pas si envie que ça. On verra, mais ce que je fais depuis près de vingt-cinq ans, c'est de la création. Et là, personne n'est maître du temps. J'ignorais que cela durerait si longtemps. Flaubert non plus ne savait pas que ça lui prendrait tant d'années pour écrire l'Education sentimentale... ça me rassure un peu [Sourire.]
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