Menu
Libération
Critique

70's années anarchics

Article réservé aux abonnés
publié le 22 septembre 2006 à 23h23

C'est le livre qui excite ces jours-ci le fashion circus, actuellement en transhumance entre New York et Milan, et qui posera la semaine prochaine ses valises en croco à Paris. Il vaut en tout cas à son auteur, Alice Drake, son quart d'heure de célébrité. Tout le monde, surtout ceux qui ne l'ont pas lu, se gargarise d'anecdotes fielleuses qui feraient le sel de cet ouvrage, pas encore traduit en français. Du bout des lèvres, on prononce des gros mots, «procès», «diffamation», «censure», même si aujourd'hui aucune action judiciaire n'est en cours. Derrière un titre un peu brumeux The Beautiful Fall («l'Automne magnifique»), la journaliste s'est fixé comme objectif de raconter les mutations définitives qu'a connues la mode dans les années 70. Elle a donc identifié les deux responsables de cette révolution esthétique : Yves Saint Laurent et Karl Lagerfeld.

Frénésie. Alice Drake dresse le portrait de deux frères ennemis à une époque où leur attitude n'avait pas grand-chose à voir avec leur image ou leur comportement actuel. Elle fait remonter logiquement leur rivalité à 1954, et à ce premier prix ex aequo, décerné par le Syndicat du textile, qui ne put départager les deux apprentis stylistes. Leur carrière va prendre une autre ampleur après 68. Alicia Drake les décrit traversant en même temps une phase d'absolue frénésie : Marrakech l'exotique est déjà un refuge pour Yves Saint Laurent et Karl Lagerfeld, qui maîtrise encore mal son rapport à la célébrité ­ contrairement à