Dans King Kong théorie, son nouveau livre-essai-brûlot à paraître la semaine prochaine, notre héroïne punk Virginie Despentes écrit notamment : «Jamais aucune société n'a exigé [des femmes] autant de preuves de soumissions aux diktats esthétiques, autant de modifications corporelles pour féminiser un corps.» Et pourtant. Dans le milieu de la «fashion», un autre discours s'entend. Naturaliste. «A chaque époque, une morphologie semble se profiler, et la mode est à l'écoute de cette évolution», explique à Libération Hedi Slimane, le directeur artistique de Dior Homme. Avec ses mannequins aussi épais qu'une corde de guitare, ses pantalons très près du corps et ses allures graciles, l'archange rock de la mode serait l'un des inspirateurs de la maigreur actuelle. Destiné d'abord aux hommes, ce look de crevette a vite séduit les filles androgynes avant de s'imposer, plus largement, dans la sphère féminine. Alors, docteur Mabuse-Slimane, responsable ? Il s'en défend. «Les mannequins filles ou garçons sont ainsi, très minces. Il faut souvent ajuster les collections. Les garçons de mes défilés n'ont aucune idée de leur poids. Ils ne sont pas franchement dans le contrôle et n'ont, du reste, jamais vu une balance de leur vie. De sorte que cette silhouette constitue un paramètre objectif, un état de fait, dans la rue.»
Ce que confirme Eva Gödel, directrice artistique de Nine Daughters and a Stereo, une agence de mannequins basée à Cologne (Allemagne), qu