Le corps "mode" aujourd'hui, c'est une silhouette faite au moule, d'une étroitesse incroyable, avec des bras et des jambes interminables, un cou très long et une très petite tête. Il ne faut pas avoir d'os trop larges. Il y a des choses qu'on ne peut pas raboter.» Après quinze jours de polémique sur les mannequins trop maigres et à la veille des défilés du prêt-à-porter à Paris, faut-il excommunier Karl Lagerfeld pour avoir donné la définition de la norme en cours (1) ? A la mi-septembre, cinq modèles jugés trop filiformes sont privés de podium en Espagne, lors de la Pasarela Cibeles, le rendez-vous de la mode madrilène. Pesées, mesurées, les jeunes femmes n'atteignent pas l'indice de masse corporelle décrété par le gouvernement régional de Madrid, qui s'est basé sur une norme de l'OMS : 18, soit 56 kg pour 1,75 m (2). Au nom de la lutte contre l'anorexie, elles sont exclues. L'Espagne veut aussi en finir avec un mauvais fait divers : le 2 août, une jeune mannequin uruguayenne de 22 ans, Luisel Ramos, meurt d'épuisement à la fin d'un défilé. La rumeur dit que, depuis des mois, elle se nourrissait de feuilles de salades et de Coca light, et qu'elle avait arrêté de manger deux semaines avant le début des défilés. Il y avait donc urgence à statuer. Madrid a voulu créer «un précédent».
A Londres, la ministre la Culture britannique, Tessa Jowell, a applaudi des deux mains lors de la semaine des défilés anglais. «La promotion, par l'industrie de la mode, d'une image de la