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Critique

Sparklehorse cavalier seul

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Figure discrète de la scène folk-rock, l'Américain Mark Linkous peaufine sur un quatrième album la quintessence de son univers tourmenté.
publié le 29 septembre 2006 à 23h28

Cheveux fous, lunettes épaisses et démarche claudicante. Mark Linkous n'a pas vraiment changé depuis sa dernière venue à Paris, il y a trois ans. A peine remarque-t-on le sillon de ses rides un peu creusé. D'allure voûtée, l'homme qui se cache derrière Sparklehorse rassemble en lui seul deux styles antinomiques. Le bûcheron au volant de son pick-up croise l'intello hypersensible amateur de poésie et de musique abstraite.

Cloîtré. En quatre disques et près de dix années de rock taciturne, Mark Linkous est devenu une référence discrète et crédible, que l'on débusque au gré d'albums importants. Il a travaillé avec Christian Fennesz, producteur d'une electronica cérébrale. Il a finalisé le dernier disque de Daniel Johnston, l'homme aux huit cents chansons et autant de séjours en hôpital psychiatrique qui chante depuis vingt ans l'amour perdu de Laurie, cette adolescente partie avec un employé des pompes funèbres. Mark Linkous a tourné avec The Flaming Lips. Il est aussi (et surtout) resté cloîtré chez lui, en Virginie, dans cette ferme qu'il occupe avec sa femme Teresa, où deux chevaux côtoient des chats, des lapins et le chien Barko. Enfermé dans sa chambre, au fond de son lit, sans rien faire durant trois ans.

Dreamt for Light in the Belly of Mountain, le quatrième album, clôt une demi-décennie durant laquelle Mark Linkous n'a pas touché terre. Ou très peu, lors de ces rares collaborations en marge de Sparklehorse. Voilà pourquoi le disque flotte et délaisse les balises