Evacuons d'abord les grincheux qui, nul ne l'ignore, pullulent à Paris et ailleurs. Des «tu vas quand même pas faire la queue pendant deux heures pour regarder des ballons illuminés», «puisque c'est la Mairie de Paris qui organise, faudrait aussi leur dire d'investir dans des parkings», ou «j'en ai marre, je rentre», on en a entendu samedi soir. Comme toujours. A l'autre bout de la chaîne, on se devra aussi d'ironiser sur le bilan officiel, qui annonce un record de fréquentation, avec «près de 1,5 million» de participants. Facile. Personne ne peut le vérifier et tous les médias reprennent les données docilement. Dès lors, pourquoi se priver ? C'est un peu le syndrome Journées du patrimoine, ou Techno Parade (cas le plus fantaisiste) : chaque année, communiquer d'office un chiffre supérieur au précédent, et ne jamais lésiner sur l'autosatisfaction.
Ceci posé, la cinquième Nuit blanche de Paris n'a pas manqué d'allure. Ni de monde. A la Goutte-d'Or, d'abord. Méconnu de bon nombre de Parisiens, qui n'y voient encore qu'un coupe-gorge exotique saturé de dealers, le quartier se retrouve exceptionnellement sous les projecteurs. Au sens propre et figuré. Devant le centre sportif, suspendus à quelques mètres au-dessus du sol, les six globes blancs de Laurent Grasso éclairent l'espace «comme en plein jour». Une foule compacte déambule pour découvrir qu'il n'y a rien d'autre à découvrir.
Puis poursuit sa déambulation, qui vers l'église Saint-Bernard, où l'I