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Libération
Critique

Erik Boulatov raccroché en Russie

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publié le 17 octobre 2006 à 23h42

Moscou de notre correspondante

«Pourquoi avez-vous écrit le mot "Danger" sur ce tableau ?» Tout à sa joie d'être de retour en Russie, hôte d'une imposante rétrospective à la galerie Tretyakov de Moscou, le peintre Erik Boulatov joue lui-même le guide. «Notre vie était dangereuse, expliquait-il ainsi il y a quelques jours à une meute de visiteurs, devant une toile de 1973 répétant quatre fois le mot "Danger", sur un fond idyllique de prairie et de ruisseau. Il ne fallait pas croire ce que l'on nous disait. L'idéologie occupait tout l'espace de notre vie, c'était devenu normal. Mais cette normalité était anormale.»

Engouement. Banni à l'époque soviétique, Erik Boulatov revient à Moscou avec une présentation de quelque 150 tableaux. «Après cette exposition, il faudra définitivement inclure Boulatov au panthéon des artistes nationaux», a écrit le magazine Kommersant Weekend. «Une des meilleures expositions de ces derniers temps à la Tretyakov», a renchéri l'hebdomadaire Koultoura. «Je suis très étonné par toutes ces critiques positives, tout cet enthousiasme, confie Erik Boulatov au vernissage de son exposition. Je n'ai eu qu'un seul commentaire négatif, celui d'un visiteur m'accusant de porter outrage à l'histoire de mon pays. Peut-être d'autres critiques viendront plus tard. Mais en attendant c'est bien agréable, car c'est là le travail de toute ma vie.»

La plupart des toiles aujourd'hui exposées à la galerie Tretyak