«Hélas», soupire Antiochus, tandis que Bérénice quitte la coursive et franchit l'embrasure qui clôt une extrémité de la scène. «Hélas», soupire-t-il, mettant fin à l'indécision. Titus devient empereur de Rome à la mort de son père, Vespasien. Selon la loi, il ne peut épouser Bérénice, reine de Palestine. Il la quittera. La pièce commence sur cette certitude et s'achève sur l'exil de la reine. Demeurent les solitudes de Titus et d'Antiochus, prétendant éconduit.
Bérénice est une tragédie. Tout le monde sait cela depuis le collège. Dans la préface, Racine écrit vouloir «faire quelque chose à partir de rien» et créer chez le spectateur «cette tristesse majestueuse qui fait tout le plaisir de la tragédie». Il ne se passe rien. Tout est déjà joué.
Exhibition. Jean-Louis Martinelli prend l'affaire au sérieux et montre le tragique dans ses détails. La scénographie minimaliste de Gilles Taschet participe de cette exhibition : rien n'échappe au public, assis de part et d'autre de ce chemin de bois, ni les cris ni les sanglots. Le dispositif bifrontal met les personnages à nu. On les voit à tout instant, sous toutes les coutures. Impossible d'échapper aux regards. Au moment des honneurs, quand l'assistance applaudit à tout rompre, Marie-Sophie Ferdane, cette Bérénice à la beauté flippante, sèche une larme sur sa joue. Pleurait-elle vraiment ? Elle le faisait déjà au milieu de la pièce, des traces de maquillage encadraient son visage.
Mais le metteur en