Menu
Libération
Critique

«O,0» ou les soubresauts de Hay

Article réservé aux abonnés
publié le 26 octobre 2006 à 23h49

Mais qui sont donc ces olibrius affublés de costumes impossibles et juchés sur la pointe des pieds comme en déséquilibre constant ? Follement drôle et en décalage permanent, O, O est une pièce aussi énigmatique que son titre. Et aussi malicieuse que son auteur, la chorégraphe américaine Deborah Hay, qui fut l'une des pionnières de la post-modern dance, et qui, à 60 ans passés, conserve une fraîcheur de jeune fille. Depuis une quinzaine d'années, la dame d'Austin, Texas, opère par la transmission un nouveau mode d'écriture chorégraphique, essaimant ses solos à travers le monde par la seule parole, sans que les interprètes l'aient vu danser.

Partition commune. La version française de O, O s'est élaborée selon ce procédé ­ dans le droit fil de The Match, présenté en 2005 au Festival d'Automne ­ en étroite collaboration avec le centre chorégraphique d'Angers. Où les interprètes réunis par Emmanuelle Huynh ont d'abord travaillé chacun séparément, avant de se réunir autour de Deborah Hay aux Subsistances, à Lyon. D'où cette oeuvre étonnante, entre solo et pièce de groupe, où chacun apporte sa couleur propre à la partition commune. Une pièce toujours au bord de l'impro qui doit beaucoup à la qualité des interprètes, pour la plupart chorégraphes et qui savent ainsi tirer le meilleur. Aussi ne racontent-ils jamais l'histoire de la même manière.

Glougloutements. Même s'il s'agit toujours du rapport de l'individu au collectif, des micronarrations s'inventent parfoi