A eux deux, Will Sheff et Jonathan Meiburg ont signé une petite dizaine d'albums, sous deux entités différentes. La première, Okkervil River, avec Sheff à la manoeuvre (et Meiburg au clavier), intègre une mouvance folk lettrée, proche de Scott Walker. La seconde, Shearwater, emmenée par Meiburg (avec Sheff en guitariste posé), se place plutôt sous la bannière d'un rock affranchi, façon Talk Talk dernière période. Deux formations aux circulations alternées qui montrent une fois de plus que le Texas, dont ils sont natifs, est devenu ces derniers mois un eldorado pour toute une division de groupes fauchés, aux idées lumineuses.
Shearwater, souvent considéré depuis sa création en 2001 comme le petit frère d'Okkervil River, pourrait, à l'heure des palmarès de fin d'année, lui ravir la vedette. La presse américaine a salué d'une voix unanime Palo Santo (Fargo), le quatrième album, composé dans son intégralité par Jonathan Meiburg.
Le jeune homme, conscient de sa valeur et de l'opportunité de quitter une tutelle (trop ?) marquée, s'emploie d'ailleurs, à longueur d'interviews, à distinguer les deux boutiques : «Shearwater relève d'une énergie totalement différente. Okkervil m'a toujours donné l'impression d'être un ensemble compact, volant de ses propres ailes, quand Shearwater semble plus fragile. D'ailleurs, si vous renvoyez dos à dos le dernier album en date de chaque groupe, Palo Santo et The Black Sheep Boy [sorti en début d'année, ndlr], vous constaterez