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Libération
Critique

Karen Dalton au son du souffle

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publié le 31 octobre 2006 à 23h53

Une voix fêlée et le nez plein de centaines de petits paquets de drogue. La vie de Karen Dalton est aussi courte et discrète qu'unanimement célébrée par les ténors du néo-folk, du post-hippie Devendra Banhart à l'ingénue Joanna Newsom. Cette Irlandaise Cherokee née dans les années quarante aux confins de l'Oklahoma, révélée sur la scène du Cafe Wha ? dans Greenwich Village aux côtés de Bob Dylan au début des années 60, claustrophobe et junkie au point d'en perdre une partie de ses dents, n'a enregistré que deux albums. Vingt chansons immortalisées sur bande magnétique par un entourage conscient de tenir un phénomène.

Absorption. L'urgence d'une vie passée sur une guitare six cordes tenue comme un manche de pioche, le visage taillé à la serpe, sans glamour ni moue rieuse, Karen Dalton n'aura même jamais composé un seul titre. Son répertoire s'est fait sur ceux de ses amis qui arpentent à cette époque les cafés de Bleecker Street. It's So Hard to Tell Who's Going to Love You the Best, premier album qu'elle enregistre en 1969 et que Megaphone réédite aujourd'hui agrémenté de surprenantes séquences vidéos, comporte une version poignante de How Did the Feeling Feel to You, du songwriter Tim Hardin, où la voix de moineau enroué de Karen Dalton (qui évoque à tous les coups celle de Billie Holiday) se reflète sur les quatre notes de guitare qu'elle caresse comme un chat. Sur ce disque, il y a aussi l'introductif Little Bit of Rain, écrit par le bluesman Fred Nei