Menu
Libération
Critique

Clinic psychédélique

Article réservé aux abonnés
par BAYON
publié le 1er novembre 2006 à 23h55

Clinic ne paye pas de mine, pour être l'un des meilleurs repérages de la saison, sinon son avènement. D'abord, maniérisme vocal aidant (Ade Blackburn, au nom trop rock pour être vrai, semble pousser ses New Seeker rétroïsants sous un mors, ou mieux : un bâillon), on dirait un groupe de rock français ­ quelque chose comme Raphaël en formation bordelaise muséale. L'instrumentarium de Visitations privilégie du reste un certain cachet expérimental périmé (spécialement au rayon synthétique), qui donne à l'affaire un smart d'avant-guerre (du Vietnam, pas du Golfe).

Cela dit, le projet s'emporte, l'exaltation règne. Sauf deux ou trois pauses bienvenues ­ le lysergique Paradise enrubanné au mélodica, le folk blues Jigsaw Man, un Interlude cryptolettriste, et Visitations, l'envoi-titre, voire Animal/Human ­, l'ensemble est porté au dionysiaque. Comme aux premiers jours de l'ère rock, en somme. «Le mot d'ordre, c'est l'imprévisible», dit la profession de foi crâne de ce quartet britannique brillant de tous ses feux mais qui n'en est pas à son coup d'essai, quatuor de trente-cinquenaires en piste depuis dix ans et déjà rattrapés par nous en... 2002. Les esprits bouillonnent et les guitares flambent, allumant à la Move l'intro rituelle du clou de la représentation du jour, If You Could Read Your Mind, digne des grands anciens du merseybeat. D'ailleurs, Clinic, faut-il le rappeler (Hartley: guitare, batterie, clarinette, clavi