Comme la curiosité va plus naturellement à ce qui fait du bruit, c'est par la droite qu'on entre, à la Fondation Cartier, dans les installations conçues par l'Américain Gary Hill, travailleur renommé de l'art vidéo. Ce sont des coups de fouet (enregistrés et diffusés en boucle) qui nous ont attirés. La pénombre de la salle très haute sous plafond encourageant l'effet back room, on se sent pris (prêt ?) dans une expérience d'esthétique SM. Il y a beaucoup de ça quand on découvre sur le mur du fond un vaste écran où se débat l'image d'un aigle géant encagé dans un pylône électrique. La bête est furieuse de son encastrement et se débat de toutes ses ailes. Jusqu'à choquer les fils à haute tension du pylône (sans aucun effet d'électrocution) et effleurer ce qu'on n'avait pas forcément remarqué comme tel : un bassin d'huile noire (pétrole ?), dont la surface se ride à chaque frôlement de l'animal.
La disposition est vertigineuse, qui mêle ainsi une image irréelle et son effet physique dans notre réalité. Au milieu de la piscine, surnage un lingot, dont on croit sur parole (in fascicule fourni à l'entrée) qu'il est gravé de la maxime «De toute chose visible il existe une copie invisible».
Cul nu. Dans le plus grand hall de la fondation, Gary Hill suite, avec une palanquée de lunettes astronomiques sur socle pyramidal permettant au spectateur de scruter des pièces de monnaie dont les ciselures représentent, pile le visage de l'artiste encaissant un coup de poing,