Envoyée spéciale à N'Djamena
Une femme sirote, seule. Devant deux cadavres de bière, elle suinte l'ennui et s'endort. Elle est presque godo («foutue»). La galattitude (du nom de la bière locale, la Gala) a vécu. La nuit sera longue et violente. Et pas seulement à l'est, à la frontière avec le Soudan. Un trio d'hommes se manifeste dans l'ombre. La danse tente de se déplier, utilise aussi l'immobilité. La tête dans des tonneaux, statiques comme pétrifiés, les danseurs ne parviennent plus à émerger. Dans la bière, la drogue du violeur agissait. Dans cette nouvelle création en cours, le chorégraphe Hyacinthe Abdoulaye Tobio a pris au mot un article de la Constitution de l'ex-Zaïre de Mobutu : «Débrouillez-vous». C'est l'article 15, qui donne son nom au spectacle. Ce danseur chorégraphe tchadien de 26 ans, qui a fondé la compagnie les Jeunes Tréteaux en 1996, organise les Rencontres chorégraphiques de la jeune création à N'Djamena depuis trois ans. Et ce n'est pas une mince affaire.
«Coupé-décalé». Dès qu'on sort dans la capitale tchadienne, surnommée «la ville du repos» sauf après 23 heures, où il faut garer son sac et autres bagages , on constate que la danse est accrochée aux basques du hip-hop et déhanchés approchants à la mode du coupé-décalé. Sur le petit écran défilent les images qui renforcent l'idée que la danse est naturellement africaine, puisque tout le monde sait jouer du popotin sur fond de villas avec piscine, de motos et de voit