Temps fort du volet musical du Festival d'automne, l'hommage rendu ce soir à György Kurtág, 80 ans, avec la création française de Hipartita pour violon solo et la dernière version de Songs of Despair and Sorrow pour choeur mixte et instruments, dont l'écriture a commencé en 1980.
Dédiée à la violoniste Hiromi Kikuchi, cette partita créée à Berlin en 2005 se compose de huit mouvements indépendants, se faisant écho de façon schumannienne et alternant divertissement (danses transylvaniennes, csárdás) et introspection (certaines phrases doivent être jouées «douloureux et avec nostalgie» ou avec une «pesanteur soutenue»), comme dans les suites et partitas de Bach.
Dialogue perpétuel avec la tradition, la musique concentrée et virtuose de Kurtág s'inspire ici des Fêtes de la faim de Rimbaud et d'un fragment d'Héraclite, selon lequel l'homme lutte avec son désir au prix de son âme. Avec Songs of Despair and Sorrow, créé en 1995 par le Monteverdi Choir et Gardiner, Kurtág entre en résonance avec le destin brisé de poètes russes comme Akhmatova ou Tsvetaeva. Citant Ennui et Tristesse de Lermontov, des vers d'Alexandre Blok et d'Ossip Mandelstam, cette pièce pour choeur et ensemble orchestral (accordéons, harmoniums, cors, trombones, percussions, harpes, pianos) exprime une fois de plus l'angoisse du compositeur dans un monde qui détruit le passé et interdit tout avenir.
Entre ces deux pièces, on découvrira la dernière oeuvre