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Libération
Critique

Susanna, reprises de haute volée

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publié le 13 novembre 2006 à 0h03

Ce n'est pas au festival des Inrocks qu'il faut se rendre ce soir pour entendre des chansons de Joy Division, Depeche Mode, AC/DC ou même Kiss dans des versions à tirer des larmes, mais à la Dynamo, jeune salle de Pantin spécialisée dans le jazz, où se produit en toute discrétion la chanteuse norvégienne Susanna Karolina Wallumrød, dont la voix de cristal ébréché a de quoi rendre jalouses toutes ses consoeurs venues du froid, Stina Nordenstam, Emiliana Torrini, voire Björk. C'est en 2004 que paraît List of Lights and Buoys, premier album surnaturel de Susanna and the Magical Orchestra, duo formé avec Morten Qvenild qui fit brièvement partie du talentueux collectif électro-jazz Jaga Jazzist. Silencieux comme une cathédrale, à peine troublé par une fine pluie de notes et dissonances électroniques sur laquelle repose une voix légère comme un papillon de nuit, cet album déchaîne la critique européenne. Seule la France, bizarrement, reste insensible.

Salué pour l'interprétation déchirante de Jolene, une chanson de l'icône country Dolly Parton, dans laquelle une femme délaissée implore sa rivale de lui rendre son homme, Susanna and the Magical Orchestra décide d'enregistrer un nouvel album constitué uniquement de reprises. Paru en septembre, Melody Mountain s'ouvre sur Hallelujah de Leonard Cohen, ralenti et dénudé à l'extrême. L'électronique a quasiment disparu de ce disque de suie et de craie au profit d'un orgue d'église, d'un piano ou d'un vibraphone