On l'a attendu, attendu... il n'est jamais venu. Puisqu'il faut toujours des dommages collatéraux sans quoi il ne s'agirait pas de spectacle vivant , c'est Beirut qui, cette année, a pété un câble, comme on dit familièrement. Mesure prophylactique ont décrété les médecins parisiens : attendu sur la petite scène de la Boule noire samedi soir avec une sincère curiosité (son disque vaut le détour), l'Américain Zach Condon qui confectionne sous ce pseudo crypté des airs balkano-transgressifs a été interné dès son arrivée sur le territoire français, où il devait donner le premier concert de sa carrière balbutiante. Trop de stress, a priori.
A deux ou trois autres bricoles près (Spank Rock, Jim Noir), tout le Festival des Inrocks, qui s'est achevé hier à Bordeaux (et lundi à Paris), a tenu la distance. Et fait le plein, avec des salles bourrées de monde, entre fans motivés et professionnels de la profession plus ou moins consciencieusement rivés à la buvette.
Corrosif. Point de vue qualitatif, aucune surprise majeure n'aura marqué l'édition 2006, baromètre saisonnier en une quarantaine de noms alignés. La sémillante Lily Allen ne présente aucun intérêt sur scène mais on le savait déjà depuis un miniconcert estival ; de même, l'album Pop Satori d'Etienne Daho, ressemelé vingt ans plus tard par son auteur, ému, et acclamé lundi soir à l'Olympia par un public très «générationnel», a plus mal vieilli qu'une certaine bienveillance nostalgique voudrait nous le faire