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Libération
Critique

Castellucci en métamorphoses

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publié le 22 novembre 2006 à 0h10

Naissance : une forme s'agite dans une gangue de glaise (de résine plastique). Du monstre en métamorphose finira par jaillir une femme nue. C'est ainsi que commence Hey Girl !, le nouveau spectacle de Romeo Castellucci, suite d'images d'autant plus sidérantes qu'elles reposent sur une grande économie de moyens.

Visions. Tout s'articule autour d'un corps dont l'agitation ne semble répondre à aucune logique familière. Comme s'il revenait à chaque spectateur de redonner du sens à cette suite de visions, où son et lumière renvoient à une esthétique de l'orage (le tonnerre, la foudre et les éclairs) et de la catastrophe.

Mais les références sont d'abord picturales : la gigantesque épée annonce une transformation possible de la jeune femme en Jeanne d'Arc, ou plus encore en archange triomphant du dragon, un thème cher à Raphaël, le peintre qui a donné son nom à la troupe de Romeo Castellucci (la Societas Raffaello Sanzio). Un autre peintre viendra hanter le spectacle, dont la fin se déroule sous les yeux de l'Homme au turban rouge de Van Eyck, suspendu à l'envers en toile de fond de scène.

Mais un épisode placé au coeur de la représentation renvoie plutôt à Goya quand, surgis des coulisses, des dizaines de figurants entreprennent de battre comme plâtre la jeune actrice. Laquelle se dédoublera en monstrueuse poupée blonde qui, une fois son masque enlevé, se révélera en femme à la peau noire.

Aux origines. Peintures et métamorphoses : Hey Girl ! se situe bien dans