Le spectacle musical Kess, Kiss, Pass s'ouvre par un silence éloquent. Sur la rondeur d'un ballon blanc qui grossit à vue d'oeil, défilent des images d'archives en noir et blanc de Marseille, où l'on reconnaît Pétain en 1940. Du coin de la scène, un homme nous regarde regarder. C'est Richard Dubelski, musicien, homme de théâtre et complice de longue date de Georges Aperghis, qui, à travers ce spectacle centré sur la figure de son père, recrée l'ambiance paradoxale d'un music-hall sous l'Occupation.
Qui fut au juste Marcel Dubel ? Pour quelle raison celui qui fut le dernier chef d'orchestre de l'Alcazar avait-il occulté les trois dernières lettres de son nom ? De détours musicaux savoureux en chansons légères, en passant par l'incontournable album d'images d'époque, Dubelski tente de reconstituer le puzzle de ce père disparu quand il avait 6 ans, tissant des liens parfois un peu rapides avec l'actualité du Proche-Orient. Fragile, touchant, maladroit et drôle, le spectacle n'est jamais aussi réussi que lorsqu'il passe par la musique et transmet le sens par les sons tirés d'étonnantes machines bricolées pour l'occasion par Dubelski, en grande complicité avec la scénographe Pascale Hanrot.
Véritable magicien quand il s'agit de sons, celui que son père surnommait «le plus jeune batteur de France» se révèle ici un interprète plus problématique. Ainsi qu'il le dit de son géniteur dans la chanson les Maudits Mots : «Ce n'était pas son fort/ la parole à transmettre/ me