Menu
Libération
Critique

Catalogue de vies

Article réservé aux abonnés
Pastiche artistique d'une bible de la VPC, «la Déroute» met en scène les habitants d'une cité de Toulouse. Ils posent au naturel, comme un pied de nez à toutes les images négatives.
publié le 24 novembre 2006 à 0h12

Un bandeau noir à la Brigitte Bardot, un bermuda au genou et des collants sans pied de danseuse. A 13 ans, Marie-Pierre est une jolie mannequin de catalogue. Mais à la différence de ses congénères à la contestable maigreur, elle affiche de jolies rondeurs. Quelques pages, plus loin, une femme en fauteuil roulant présente les dernières créations de Lise de Grasse, une famille africaine étale sa joie de vivre et le troisième âge suit avec cannes et béquilles. Peaux claires, mates, foncées ou ridées, c'est un catalogue 100 % «vrais gens» pas un concept marketing. Pavé de 1 000 pages, copie conforme de l'infatigable Redoute, il épouse en couverture l'orange pétant du logo, illusion parfaite. Sauf que lui s'appelle la Déroute. Et présente 650 habitants du quartier d'Empalot à Toulouse. Cet îlot de barres bétonnées a toutes les caractéristiques des cités que l'on rejette à la périphérie des villes : 6 500 personnes, 30 % de taux de chômage, 48 nationalités.

Pose, vocabulaire. En reprenant au millimètre près la maquette de la Redoute, plus précisément celle du catalogue automne-hiver 2005 avec Lætitia Casta en couverture, l'artiste, Nicolas Simarik, a photographié les habitants dans leur vie quotidienne, adossé à l'entrée d'un immeuble, assis sur une rambarde métallique, rêveur dans un champ de pâquerettes, allongé sur un mur bétonné. «Ils ont tous été pris en photo avec leurs propres vêtements, explique l'artiste. Certains se préparaient, passaient chez le coiffeu