Louang Prabang (Laos) envoyé spécial
La première chose à faire lorsque l'on arrive à Louang Prabang est de ranger sa montre. La vie, ici, coule au rythme du Mékong en saison sèche. «Les passages sont lents», résume France Morin, ancienne conservatrice du New Museum de New York, qui s'est installée à Louang Prabang, séduite par le charme de cette ancienne capitale royale laotienne sise au confluent du Mékong et du fleuve Nam Khan. Les regards y sont fluides, les gestes mesurés. Le sourire, contagieux, est de mise. Dans un superbe film projeté dans l'enceinte du Palais royal de Louang Prabang, les artistes Vong Phaovanit et Claire Oboussier tentent de cerner l'incernable cité : «Son regard me rencontre, en mouvement, sans qu'elle ne brise jamais le flot de son activité.» Quand on arrive d'une capitale au rythme frénétique comme Paris, Hongkong ou Bangkok, un temps d'adaptation est nécessaire. A l'ombre des auvents de bambous ou dans les venelles «années 30» bien restaurées par la Maison du patrimoine, personne ne se bouscule. Si les pas de Nicolas Bouvier avaient croisé cette ville de moins de 20 000 habitants posée à 700 mètres d'altitude dans les montagnes du Laos central, il s'y serait sans doute attardé quelques mois. A moins que cet envoûtant pays de cocagne n'eût tout simplement constitué le «bout de la route» pour l'écrivain-voyageur suisse, comme il l'a été pour l'explorateur français Henri Mouhot au XIXe siècle et pour tant d'autres.
Un long isoleme