Ce soir, la Maison du hip-hop ouvre ses portes dans le XIe arrondissement de Paris. Il ne s'agit que d'un grand bureau, avec coin cuisine ; mais c'est une avancée énorme pour les acteurs de ce mouvement. Les pouvoirs publics, jusque-là, ne se sont pas précipités pour lui permettre de trouver ses ports d'attache. Depuis bientôt trente ans que les artistes gagnent du terrain, bien au-delà des périphériques, il était encore de bon ton d'associer le courant avec la banlieue, le social, les quartiers difficiles. Ça faisait chic et exotique. Récemment même, le magnanime ministre de la Culture a jugé opportun de leur offrir le Grand Palais pour une opération éphémère, alors que depuis une bonne dizaine d'années, les créateurs hip-hop sont sur les scènes internationales, ont investi les opéras et adhèrent à la SACD (Société des auteurs et compositeurs dramatiques).
Pour se renforcer, les acteurs du hip-hop ont donc décidé de se doter de leurs propres outils. Pour Philippe Mourrat, programmateur et initiateur des Rencontres de la Villette, cela n'a «rien d'étonnant que la danse soit ici structurante puisque ses interprètes eux-mêmes ont besoin de lieux de répétition afin de travailler leur création» (1). Ce propos n'est pas sans rappeler la colère de Christian Tamet, alors directeur du TCD (Théâtre contemporain de la danse), aujourd'hui à la tête de Châteauvallon : «Quand comprendra-t-on que si la danse hip-hop est dans la rue, c'est uniquement parce qu'elle n'a pas accès au