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Libération

70 impacts de balles à la sortie du concert

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Une star mexicaine du «narcocorrido» abattue à 29 ans.
publié le 29 novembre 2006 à 0h16

Vendredi dernier à Reynosa, ville frontière dans l'Etat de Tamaulipas (Mac Allen, Texas, est juste en face, de l'autre côté du Rio Grande), Valentin Elizalde, surnommé «El Gallo de Oro» (le coq d'or), a donné son dernier concert dans un palenque, vaste espace dédié aux combats de coqs. Vers 3 heures, alors que sa Suburban noire quittait le parking, plusieurs hommes ont fait feu sur le véhicule. Les policiers ont ramassé plus de 70 douilles de trois calibres différents et relevé trois cadavres : le chanteur, son manager et son chauffeur.

Cette mort violente d'une superstar de la chanson populaire, à 29 ans, ajoute un chapitre à la légende noire du narcocorrido, genre qui brasse des centaines de millions de dollars au Mexique et aux Etats-Unis (Libération du 15 mai). Au début du siècle, le corrido relatait les hauts faits de la révolution mexicaine, les catastrophes ferroviaires et les meurtres passionnels, faisant office de journal pour un public souvent analphabète. Dans les années 70, le corrido tourne naturellement son inspiration vers le trafic de drogue, créant le sous-genre narco.

Dans le sillage de Los Tigres del Norte, qui vendent des cassettes par millions, se créent des centaines de groupes, au look western exubérant. Même si les artistes se défendent de toute apologie du trafic, ils dépeignent souvent les barons de la drogue sous les traits de bienfaiteurs du petit peuple. D'où le soupçon que les parrains eux-mêmes commandite