Comme chez Vincent Delerm qui, quelques hectomètres plus loin, fait actuellement les beaux soirs de la Cigale, tout commence, du côté de Loïc Lantoine, par des images. Mais tandis que l'auteur de Châtenay-Malabry opte pour la carte postale ensoleillée, le ch'ti, lui, privilégie l'aspect social, à travers un film de Lætitia Carton, D'un chagrin j'ai fait un repos titre qui renvoie à l'entame de La Nouvelle, quinzième et dernière chanson de Tout est calme, deuxième album de Loïc Lantoine, à peine éclos (Libération du 6 novembre).
Parfaitement raccord avec le chanteur, le film introductif trimbale du sourire et de l'inquiétude, de la cocasserie et du prosaïsme. La parole d'Hannah Arendt traite d'égal à égal avec celle d'un ouvrier retraité de Rhône-Poulenc. Une consultation fumeuse de voyance par téléphone accompagne un travelling sur l'achalandage d'un supermarché. Des enfants rient sur un manège. Une voix off dit : «Je pense qu'on a une chance de s'en sortir... Mais c'est pas pour tout de suite.»
On pourrait s'en tenir là. Ce serait néanmoins faire injure à l'hôte Lantoine, chanteur singulier, voire unique, son alter ego François Pierron, immense poids léger dont la relation physique à sa contrebasse constitue un summum à elle seule, et d'autres musiciens encore qui, contrairement aux exercices précédents (Lavoir moderne, premières parties de Têtes raides, Jeanne Cherhal...), complètent l'équipage, à commencer par Denis Charolles, non