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Libération
Critique

Onodera, la poétique du réel

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Photographie. Séries inédites de la Japonaise en deux galeries à Paris.
publié le 30 novembre 2006 à 0h17

Un an après sa rétrospective au National Museum of Art d'Osaka (Japon), deux expositions rendent hommage à Yuki Onodera, née à Tokyo en 1962 et qui s'installe à Paris en 1993, où elle réalise l'une de ses plus fameuses séries, Portrait of Second-hand Clothes (1994-1997). Soit des vêtements froissés, usés, habités de fantômes qu'elle achète lors d'une exposition-vente de Christian Boltanski et qu'elle photographie en noir et blanc devant sa fenêtre, face au ciel. Ce sont des épreuves au format carré, d'une grande simplicité et d'un gris très pâle, qu'elle tire elle-même dans son laboratoire.

Et la légende commence, pourrait-on dire, tant, au fur et à mesure de ses avancées vers la découverte de son univers intérieur, cette ex-styliste de mode devenue artiste s'enracine dans le médium photographique, et y révèle une pertinence qui a rendu baba le dernier jury du Prix Niépce décerné par l'association Gens d'images.

Précise dans ses accrochages, qu'elle articule avec beaucoup d'agilité, Yuki Onodera présente cet automne des extraits de quelques travaux récents, et aussi sa dernière série, mystérieuse, à la poursuite d'Orphée (une disparition inexpliquée), avec ce sens aigu du cadre qui est aussi sa signature. Car ce qui est au coeur du monde revu par Onodera, c'est non pas la banalité chère à l'école de Düsseldorf, les Becher et leurs centaines de jumeaux imparfaits (et qui nous épuisent tant), mais celle qui féconda Sugimoto, ou Shoji Ueda, le plus fabuleux des photograp