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Critique

Saint-Simon de père en fils

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La bibliothèque de l'Arsenal retrace, à travers une surprenante exposition, la postérité de la pensée du philosophe utopiste du XIXe siècle.
publié le 30 novembre 2006 à 0h17

A priori, une exposition sur le saint-simonisme a peu de chance de se hisser parmi les priorités d'un agenda culturel. D'abord c'est quoi, le saint-simonisme ? On n'évoque pas ici le Saint-Simon mémorialiste (1675-1755) mais l'autre, le philosophe utopiste (1760-1825), moins connu. Résumons : cet homme trempa l'esprit des Lumières dans le romantisme et accoucha d'une idéologie à la fois présocialiste et libérale, que des disciples firent fructifier de manière spectaculaire tout au long du XIXe siècle.

L'ADN de notre XXIe siècle naissant contient des gènes enfouis mais importants, qui nous viennent directement du saint-simonisme : c'est une première raison de prendre le chemin de la belle bibliothèque de l'Arsenal. Il en est une autre, plus anecdotique mais également passionnante : on peut lire aujourd'hui dans la trajectoire des saint-simoniens ­ utopistes qui verseront dans le sectarisme, puis deviendront à l'âge mûr architectes de la révolution industrielle et hommes influents de leur temps ­ comme une préfiguration de la récente aventure gauchiste et de ce qui s'en est suivi.

L'exposition se tient dans une enfilade de petits salons de l'Arsenal, rarement ouverts au public. Lieu idéal : ce sont des salons que fréquentèrent les saint-simoniens, du temps où Charles Nodier était responsable de la bibliothèque (de 1824 à 1844). Mais comment exposer une idéologie sur quelques centaines de mètres carrés ? Pas simple : le visiteur aura tout intérêt à se documenter préalablement, ne