envoyée spéciale à Saint-Etienne
LES RUSES DE LA VIE QUOTIDIENNE
Une place de choix est donnée à Matali Crasset qui invite une plate-forme très collective de designers. Avec l'exposition «Cohabitations», grâce à une scénographie concentrique efficace, elle part du coeur de la maison «l'endroit idéal pour regarder les phénomènes de socialisation, d'interaction et d'imagination humaine» et analyse notre vie domestique comme un réseau de flux, auquel le mobilier et les objets ataviques ne répondent plus. La recherche sur l'«Innovation familiale», menée dans vingt foyers par le Puca et l'Ensci (1) sur des rites «non observés» comme la circulation du linge, illustre bien la démarche générale de la designer. S'il apparaît que le linge, de son lavage à son rangement, évolue comme une succession de tas, à quoi sert de dessiner encore des armoires ? Ainsi, surgissent dans cette étude nombre de ruses quotidiennes des usagers que les designers auscultent, tels des ostéopathes, pour inventer des objets plus fluides, dans des espaces plus ouverts correspondant à ces modes de vie détournés.
Dans un deuxième cercle de l'exposition consacré à la ville sont décryptés quelques «espaces publics provisoires d'échanges». Du vide-grenier dans le quartier-village aux cabanes de chantier de l'architecte Patrick Bouchain, jusqu'à l'hypothèse de lumbricompostage (recyclage par des vers de terre) sur macadam venu de l'Inde, autant d'explorations qui se connectent sur un petit tou