Significativement androgyne et entravée, la vanité nue et fleurie (signée Takato Yamamoto) qui orne ce traité de l'érotisme japonais attise si vite le désir d'effeuiller les pages qu'on omet facilement de noter son ambiguïté. Qu'importe ! Le livre s'ouvre sur tout, tout, tout ce que l'on n'irait jamais imaginer des mille et une facettes de la sexualité nippone.
Un archipel de singularités et de fétichismes paradoxaux, où le négoce des petites culottes sales fait pendant aux exercices de lacération d'uniforme et aux exhibitions de sumo sexy, comme aux shows de vomis et aux strip-teases génitaux. Le modèle féminin s'y exalte dans une puérilité exacerbée, sur fond de virilité en déroute. Parallèlement à la vidéo, le manga érotique y oeuvre à tous les niveaux, pour tous les goûts et tous les âges, y compris adolescents. La prostitution y est prohibée mais s'y épanouit à la grâce des téléphones portables ou des fuzokus qui ont pris le relais des anciens quartiers de plaisir. Le bondage (shibari) y relève d'un art démocratisé. L'industrie des ustensiles y fleurit sous forme de canettes à dépuceler (usage unique), oreillers de chair (en silicone) et autres «épouses de voyage» petit modèle, à ne pas confondre avec les love-dolls grand format, ni avec la vogue des poupées d'expression. Proliférations de tentacules et onomatopées aquatiques tissent un univers hanté par les fantasmes de viols monstrueux.
«Stimuler l'imagination». Au-delà du bric-à-brac saugrenu et pléthori