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Libération
Critique

Gréco, avec le temps

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publié le 4 décembre 2006 à 0h21

Juliette Gréco est maligne comme un singe. Elle éludera donc la question de l'opportunité d'un album de reprises à l'heure où l'industrie discographique hésite entre cette possibilité et celle des duos, parfois les deux combinées : «Ce ne sont pas des reprises, mais des instants de vie.» Soit. D'ailleurs, peut-on vraiment suspecter Juliette Gréco d'un semblable calcul ? Depuis soixante ans, la muse de l'existentialisme, célébrée du Barbican Center (Londres) au Waldorf Astoria (New York), ne fait que cela, interpréter les autres. Trois ans après le disque Aimez-vous les uns les autres ou bien disparaissez..., qui convoquait Manset, Miossec, Lavilliers et Benjamin Biolay, la chanteuse s'est choisi douze titres qui cette fois n'ont pas été écrits pour elle.

«Convictions». S'interrogeant sur ce qu'elle n'avait jamais chanté, Gréco a puisé chez des auteurs qui lui sont familiers (Gainsbourg, Trenet, Brel, Roda-Gil, Mouloudji...) et d'autres moins (Salvador, Domenico Modugno, Marguerite Monnot, Maxime Le Forestier). On pourra trouver surprenant le choix de Volare par une femme de 79 ans, comme celui d'Over The Rainbow, au milieu de couplets ayant à voir avec la résistance, la colère et la résignation (Né quelque part, Avec le temps, la Folle complainte, les Mains d'or...). On comprend mieux l'ouverture de l'album sur Utile, paroles Etienne Roda-Gil, musique Julien Clerc. «Oui, les chansons d'amour sont révolutionnaires. Mes convictions