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Critique

Paris ville éventrée

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En 1871, la guerre civile ravage la banlieue, puis la capitale. Une exposition révèle les clichés d'un photographe amateur qui a saisi sur le vif le Paris de la Commune.
publié le 4 décembre 2006 à 0h21

Ecrasée dans le sang, la Commune n'a duré que deux mois, de mars à mai 1871. La photographie commençait, dans la foulée de la guerre de Crimée et de la guerre de Sécession, à enregistrer l'histoire. Moins que la vivacité des combats eux-mêmes, c'est leur effet sur la capitale qu'elle a pu immortaliser.

Ce Paris de la Commune qui revit à la Bibliothèque historique (BHVP) est celui d'une année : avant, pendant et après la Commune. Avant, dans l'intermède qui suit la fin du siège allemand, les photographes envahissent la banlieue en miettes. Ensuite, avec la guerre civile, ce sera à Paris de subir le pilonnage des Versaillais et les incendies insurrectionnels. L'exposition, orchestrée par Jean Baronnet, expert de la Commune, restitue le drame. Sur les cimaises, on scrute, fasciné, l'émergence du Paris haussmannien saisi dans l'apocalypse, qui inclut des vieux monuments perdus, comme les Tuileries. Mais aussi le Paris identitaire d'aujourd'hui, en décombres.

Près de 1 800 clichés ont été déposés (dont les premiers photomontages propagandistes). Triant le meilleur des fonds détenus par la BHVP et signés Eugène Disdéri, Eugène Fabius ou Bruno Braquehais, Jean Baronnet corrige au passage des légendes erronées : il reconnaît Eugène Pottier, l'auteur de l'Internationale, là où l'on ne signalait qu'un «passant anonyme devant la colonne Vendôme».

Numérique. Surtout, il organise la révélation d'un amateur ignoré, Hippolyte Blancard, dont les agrandissements inédits sont le c