L'inauguration par le Louvre d'une galerie à Atlanta a donné lieu à une transfiguration miraculeuse. Le musée américain a ouvert sa nouvelle aile, présentant 143 oeuvres prêtées par le Louvre, la façade recouverte d'une immense bâche reproduisant le portrait de l'infante Margarita par Diego Vélasquez. La presse s'est enthousiasmée de la présence du «Vélasquez du Louvre». Seul problème : au départ de Paris, ce tableau était une copie d'atelier. Jusqu'à ce jour béni, le Louvre n'avait tout bonnement pas de Vélasquez. Quand il en était président, Pierre Rosenberg déclarait : «Le grand trou du Louvre, le plus cruel, c'est l'absence de ce peintre, le plus grand de tous les temps.» Apparemment, le trou a été bouché, éblouissant nos amis américains.
Salle de bains. Le conservateur Olivier Meslay admet ne pas avoir interrogé les spécialistes du peintre. Mais il explique le choix du tableau par «la profondeur de son histoire» : il a été commandé en 1654 par l'épouse de Louis XIII, Anne d'Autriche, avec une vingtaine de portraits de sa famille régnant en Espagne, destinés à sa salle de bains. Cette collection fut dispersée aux enchères en 1797 (et non 1795, comme écrit un peu rapidement dans le catalogue), mais le portrait de l'infante, «le plus beau», resta au Louvre. Il a beaucoup impressionné Degas et Manet.
Néanmoins, un historique, même si brillant, ne peut suffire à déterminer l'auteur. Envoyés comme cadeaux diplomatiques, ces portraits pouvaient fort