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Libération
Critique

Zone payante

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publié le 11 décembre 2006 à 0h27

On l'appelle la Zone. C'est un bidonville. Des baraques en bois et en briques s'étendent à perte de vue. Les câbles électriques et les antennes de télévision forment comme une jungle au-dessus des toits en tôle. Villa miseria de Barracas, dans la banlieue de Buenos Aires, en Argentine. Ici, comme dans tout no man's land, les enfants jouent pieds nus au foot, les vieux raclent leurs semelles sur le béton et les jeunes tiennent les murs en fumant des cigarettes. Au centre, Julio Arrieta, la quarantaine, un ventre de buveur de bière et des cheveux longs sur la nuque : ce chômeur comptait les heures sur le pas de la porte tandis que sa femme «lui cassait les couilles». Maintenant, il annonce : «Pour vos films, on peut jouer les fauchés, les méchants ou même les gardes du corps. Plutôt que de choisir des comédiens professionnels qui vont se tordre pour faire les pauvres, embauchez-nous. On a toute la formation pour ça.»

Alan Parker. Estrellas est un documentaire épatant. Présenté dans 100 Dessus Dessous, le festival pluridisciplinaire que la Villette dédie tous les six mois à la jeune création, il raconte comment un bidonville est devenu un lieu de tournage inévitable. En dix ans, les habitants de la Zone ont participé à quarante films, trente courts métrages et autant de spots publicitaires. Ils ont incarné des centaines de petits caïds et de voleurs à la tire, des kidnappeurs ou des maquereaux. Les zonards ont joué les zonards. Et Julio s'est occupé du cast