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Libération
Interview

Dérangeants rangements

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publié le 22 décembre 2006 à 0h35

Philippe Million est un designer discret qui vit et travaille à Saint-Etienne. Pourtant, ses pièces émergent régulièrement d'une production où, sous le vocable de design, tout est permis, de la déco style au marketing éphémère. Million est ailleurs, il réussit le subterfuge de réinterpréter les objets modestes du quotidien, sans les customiser de manière ostentatoire, mais en leur redonnant une seconde nature, décalée, qui devient avec évidence comme une image première. Avec Banc de jardin en 2003, il plie une barrière Vauban, cette petite barricade garante de la sécurité urbaine, pour en faire un siège, décelant là ce que cette palissade rigide avait de siège en elle. Une pièce qui a été exposée en 2005 à l'exposition «Safe» au MoMA de New York.

On retrouve sa démarche avec l'exposition qu'il présente à la galerie Alain Gutharc. «Poser, suspendre, ranger et trier». Soit un ensemble d'objets en métal dédié au rangement. Pour Million, le métal permet particulièrement de s'exprimer par «des lignes, des plans et des volumes». Mais il ne faut pas se fier au titre. Car si les étagères peuvent avoir des allures évidentes de bibliothèques, porte-serviettes, portemanteaux ne sont pas identifiables comme tels au premier regard. Ils sont d'abord des formes plastiques. C'est évident avec le valet qui, suspendu au plafond, évoquerait un crochet pour se maintenir en équilibre dans le métro, et qui, sur pied, ressemble à une clé à sardines. Sa fonctionnalité de valet ne devie