Il fut un temps où, dans le champ culturel, l'accessoire nazi était le vecteur d'une provocation radicalement idiote. C'est Jimmy Page, de Led Zeppelin, s'affublant d'une casquette de SS pendant des concerts en 1977. Plus tard, le rayon IIIe Reich servit à outiller quelques transgressions des arts plastiques : en 2002, l'artiste polonais Zbigniew Libera exposait au Jewish Museum de New York une maquette de camp de concentration réalisée en briques de Lego, avec le scandale qu'on imagine. En France, Claude Lévêque associait un Mickey en tubes de néon et le «Arbeit macht frei» inscrit à l'entrée d'Auschwitz : l'expo Disney actuellement au Grand Palais n'en a pas voulu.
Vestiaire de l'horreur. Et maintenant, mesdames, messieurs, voici que le grand produit culturel de l'année (aux alentours de 400 000 exemplaires vendus à ce jour) déballe toute la panoplie du tortionnaire nazi : les Bienveillantes, de Jonathan Littell, est habillé de pied en cap(e) au vestiaire de l'horreur, des bottes qui «écrasent les chairs molles et blanches» jusqu'à l'élégante casquette dont nous présentons ici un exemplaire célèbre (l'équivalent en feutre gris se négocie 6,90 euros sur on ne sait plus quel site). On n'est pas sûr que le Max Aue de Littell portait une coiffe identique à celle-ci, mais on sait qu'il a fini comme directeur d'une usine de dentelle, ce qui est probablement plus significatif.
Qu'un livre de 900 pages écrit dans un style plus proche du Bottin que de celui de P