Philippe Ruault est l'un des photographes d'architectures très reconnu en France. Il signe la majorité des images des livres Extra-Muros, architectures de l'enchantement. Un extrait de son fonds, et des commandes, accumulées au fil des ans, où l'on trouve aussi bien les bâtiments de Jean Nouvel que des édifices anonymes. Entretien.
Comment vous êtes-vous orienté vers l'architecture ?
Je n'étais pas spécialiste, mais, à Nantes, dans les années 80, je travaillais sur le paysage, la déstructuration des sites industriels. Et, lors du projet Atlantis, j'ai rencontré Jean Nouvel et Richard Rodgers puis, plus tard, Fuksas, Dominique Perrault, et j'ai continué à travailler pour eux, à faire leurs repérages. On commençait à parler de l'architecture contemporaine, les magazines d'architecture avaient besoin d'images, et moi, circulant en province, je leur faisais remonter mes photographies. Et les architectes étaient aussi demandeurs. C'est comme cela qu'est né ce nouveau métier, ce nouveau genre, «photographe d'architecture».
Quelle est la spécificité de ce genre ?
Il est pris dans une double contrainte contradictoire. D'un côté, les exigences des magazines et, de l'autre, celles des architectes qui veulent aussi contrôler leur communication. Ces photos sont souvent jugées de manière péjorative, on parle de «propagande». Nous sommes partis d'une table rase, il n'y avait rien, juste quelques missions photographiques de la Datar (1), les images d'Eugène Atget sur Paris. Et, aujourd'