Certains
en désespéraient. L'homme, le vrai, celui qui, négligemment mais virilement, lisse son poil aux commissures des lèvres, semblait en voie de disparition. Or, un soir de décembre, que voit-on au Panorama Bar, l'un des clubs les plus lancés de la nuit électro berlinoise ? Un homme à barbe. Non, pas votre beau-père perdu au milieu de cette ancienne centrale électrique transformée en dancefloor bétonné, ni votre ancien prof de maths aujourd'hui à la retraite, mais un homme jeune, circa 25 ans, silhouette oscillante sur les beats acérés de Miss Kittin. Et si l'étonnement est grand, c'est qu'il ne s'agit pas de la barbe de trois jours du Paris-Dakar des années 80, ni du bouc craignos de Johnny Hallyday version Gstaad 2007. Mais de la bonne vieille barbe courant Snes années 70 revue et corrigée. Soit débroussaillée, peignée, brossée. Car la barbe 2007 ne se porte pas à la Saddam Hussein au soir de son arrestation ou à la Antoine, navigateur des mers du Sud. «Plus que dans la barbe wild, bear ou bûcheron, on donne aujourd'hui dans la barbe design, détaille Mickaël, fin connaisseur de l'esthétique en cours à Berlin. Une barbe taillée, quoique fournie, mais sans apprêt pour qu'elle échappe à la coquetterie. En somme, une barbe culturelle.» Au Möbel Olfe, le bar des artistes homos-lesbiennes du quartier de Kreuzberg, la barbe se porte volontiers épaisse et architecturée, aux contours nets et précis. Accusant les beaux traits des beaux hommes, disent l