Elle a un visage d'une incroyable beauté, un corps gracile, des yeux de chat mais elle ne défile plus : Natalia Vodianova, bientôt 25 ans, est sous contrat exclusif avec Calvin Klein. De Nijni-Novgorod, en Russie, jusqu'à son mariage avec Justin Portman, un artiste anglais à l'ascendance aristocratique et à l'épais compte en banque, sa vie ressemble à un conte de fées. Après deux enfants et sept ans dans le milieu de la mode, cette fille très discrète raconte à Libération ses souvenirs, comme elle ne l'avait jamais fait auparavant. Intelligente, sensible, pas dupe. «La mode est un business et mon job, c'est d'être parfaite. Alors faire attention, oui, mais pas jusqu'à la privation.»
Mes débuts. «A 15 ans, j'ai quitté la maison de ma mère, à Nijni-Novgorod, je me voyais comme une adulte. J'avais un petit ami, lui-même modèle, qui m'a poussée à m'inscrire dans une école de mannequins. Il y en a plein en Russie, mais c'est du bullshit, vous payez pour apprendre à marcher, à faire de la gym, vous lisez de la poésie. J'avais signé pour trois mois, à 10 dollars le mois (si vous gagniez 50 dollars par mois, c'était une sacrée somme), et après c'est eux qui décident si vous restez ou pas. J'étais vraiment déterminée à faire ce métier, c'était une chance inouïe de vivre autrement. Mais avec une telle pression : je n'étais rien, je devais arriver à tout. Ma grand-mère m'a dit plusieurs fois : "N'importe quoi là-bas, en Occident, sera toujours mieux que ce que t