Psychiatre et pédopsychiatre, Stéphane Clerget s'intéresse de près aux adolescent(e)s, qu'il s'agisse de leurs rapports à la télévision ou à la mode : il suit d'ailleurs, en consultation, plusieurs jeunes mannequins. Praticien hospitalier, exerçant aussi en cabinet privé à Paris, il est l'auteur d'une dizaine de livres, dont Adolescents, la crise nécessaire (Fayard, 2000) ; Ils n'ont d'yeux que pour elle (les Jeunes et la télé, Fayard, 2002) ; Comment devient-on homo ou hétéro ? (Lattès, 2006).
Quel est le profil des mannequins que vous recevez en consultation ?
Elles sont surtout originaires des pays de l'Est, ne rêvent pas de devenir des stars mais de gagner de l'argent, de s'embourgeoiser. Je ne les trouve pas cyniques, plutôt tristes. Elles présentent des troubles du comportement alimentaire, souvent liés à la toxicomanie, qui n'est pas une légende dans le milieu de la mode : il y a beaucoup de prise de cocaïne, ne serait-ce que pour maintenir l'état de maigreur puisque c'est un coupe-faim. Ces jeunes filles sont prêtes à tout, sans émotion, on sent qu'elles ont manqué d'un cadre éducatif et familial simple. Les drogues et les régimes, elles se disent que c'est le prix à payer dans ce milieu. Ce sont des enfants qui n'auraient pas de limites, leur corps est accessoirisé comme un outil de travail. Ce détachement entre la tête et le corps-objet présente d'ailleurs des similitudes avec ce qu'on observe chez certaines prostituées.
Et les jeunes fille