Menu
Libération

Jane Bruni

Article réservé aux abonnés
publié le 19 janvier 2007 à 5h32

Comme nés d'un brouillard plein de fantaisie londonienne, les microbes de saison déchirent en ce moment le timbre des femmes. Rauques, prises entre chat et tigre, elles lancent leur souffle déséquilibré par les désirs et les plaintes, d'enfants sacrés en cigarettes renoncées, sur le fil de cordes à peine morales : voix de fumeuses qui ne fument plus. Au téléphone, elles ressemblent à Carla Bruni. Son nouveau disque (Promises) et sa campagne sans raté (un peu partout) sont un modèle de travail esthétique et social : un cliché savouré dans sa tiédeur, parce que c'est un cliché : un nid. La pochette résume tout. Assise en nuisette sur un parquet rustique et non ciré, Carla rêve à livre ouvert entre lampe, pupitre et rideaux : adolescente préraphaélite, Ophélie hamiltonienne sans la vulgarité du flou répété. Sur un vieux fauteuil hors classe, un grand sac d'osier plein de fringues entassées rappelle, sans androgynie, Jane Birkin à ses débuts : gazelle anglaise et sensualité importée. On retrouve ce parfum, avec image de Bardot avant l'âne, sur une photo vue partout : swinging Fausta plante ses longues bottes marron dans l'oeil fatigué du lecteur. Qui n'est plus ex-fan des sixties, mais post-fan qui s'imagine en ex-fan. Sur l'image de la pochette, une guitare acoustique, cette petite voiture ronde et jaune citron, un vieux grand transistor rappellent ces moments d'ici Londres. Ces ourlets culturels sont reprisés par le mode de vie des jeunes bourgeois contemporains